24 nov. 2011

Programme RINALPOF - Contrat de projets Etat-Territoire de la Polynésie française


Le programme de recherche RINALPOF « Risques naturels extrêmes sur les littoraux de la Polynésie française : archives géologiques et modélisation » est financé par le Contrat de projets Etat-Territoire de la Polynésie française 2011-2013. Il s’articule autour d’une problématique centrée sur l’identification des impacts géomorphologiques et des traces sédimentaires des événements extrêmes ayant affecté les littoraux du territoire polynésien au cours de l’Holocène. Ces littoraux représentent des espaces où le risque d’inondation marine catastrophique est particulièrement élevé car les caractéristiques topographiques des îles, le contexte géodynamique et les conditions météo-marines se conjuguent pour augmenter la vulnérabilité de ces espaces. En effet, une grande partie des îles océaniques pacifiques sont soit des îles basses (archipel des Tuamotu) dont l’altitude maximale atteint 6-7 m, plus rarement 10 m, soit des îles volcaniques hautes aux pentes fortes, ceinturées par une plaine d’origine corallienne où se concentre l’essentiel de la population (Îles de la Société, Australes) ; du point de vue tectonique, la Ceinture de feu du Pacifique est caractérisée par l’activité sismique sous-marine la plus importante du globe, ce qui génère de nombreux tsunamis locaux, régionaux voire transocéaniques (Gusiakov, 2007). Enfin, la moitié ouest du Pacifique tropical est également la zone où la cyclogenèse est la plus élevée de la planète : en moyenne, chaque année, une dizaine de cyclones tropicaux affectent le SW Pacifique. Lors des épisodes climatiques ENSO (El Niño Southern Oscillation), la zone d’activité cyclonique migre vers l’est au-delà de l’antiméridien et affecte, souvent durement, les îles et les populations du Pacifique central (Terry & Etienne, 2010a, 2010b, 2010c). Ainsi, le Pacifique en général et la Polynésie en particulier comptent parmi les espaces les plus affectés, en termes de fréquence mais aussi d’intensité, par les aléas conduisant à une inondation marine catastrophique. 
Le contexte démographique contemporain se caractérise par une littoralisation croissante des peuplements, donc à une concentration des enjeux (humains et socio-économiques) dans un espace étroit et à risque. Le tourisme polynésien repose en grande partie sur l’exploitation du littoral à travers l’implantation des infrastructures d’accueil ou les activités de loisir (plongée sous-marine, tourisme lagonaire). L’industrie perlière exploite également des lagons en eaux peu profondes qui peuvent être lourdement affectés par ces événements. Or les événements extrêmes constituent des menaces sérieuses pour l’équilibre socio-économique des états insulaires océaniens, tout événement pouvant surpasser la résilience sociétale d’un Etat. D’ailleurs, les accords tripartites FRANZ symbolisent la prise de conscience des États face à la dévastation potentielle de leur environnement par les aléas extrêmes, qui représenterait la perte d’une source de revenus importante, surtout pour des îles incarnant des espaces naturels paradisiaques et aux revenus tournés vers l’exploitation du littoral. Un événement extrême représente aussi un risque de perturbation majeure de l’équilibre régional que les puissances de la région souhaitent parer afin d’éviter d’assumer les répercussions sur le long terme (Mallatrait, 2009).
L’objet du programme est donc d’estimer, de manière définitive, l’ampleur du risque extrême sur les littoraux polynésiens à la lumière des avancées scientifiques récentes (postérieures au tsunami indien de décembre 2004 notamment) en matière d’interprétation des archives sédimentaires (reconstruction paléo-environnementales pour une analyse rétrospective des risques) et de modélisation des inondations marines (Paris et al., 2010 ; Etienne et al., 2011; Jaffe et al., 2011). Différents proxies environnementaux vont être étudiés : archives sédimentaires des plaines littorales, champs de blocs récifaux, spéléothèmes karstiques, afin d'essayer de distinguer les types d'événements (tsunamis ou cyclones).

Coordinateur : Samuel ETIENNE
Participants : Raphaël PARIS, James GOFF, Catherine CHAGUE-GOFF, James Peter TERRY, Adam SWITZER, Isabelle COUCHOUD, Annie LAU, Ying Sin LEE.

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